Professeur au Muséum national d’Histoire naturelle, MARC-ANDRÉ SELOSSE enseigne dans plusieurs universités en France et à l’étranger. Ses recherches portent sur les associations à bénéfices mutuels (symbioses) impliquant des champignons, et ses enseignements, sur les microbes, l’écologie et l’évolution. Éditeur de revues scientifiques internationales et d’ Espèces, une revue de vulgarisation dédiée aux sciences naturelles, il est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages publiés chez Actes Sud.
Nature et préjugés
Convier l’humanité dans l’histoire naturelle
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ACTES SUD
Dans ce livre qui se veut plus transversal que les précédents, Marc-André Selosse fait un pas vers les sciences humaines pour tâcher de réfléchir en naturaliste aux bouleversements que traverse le XXIe siècle. Car c’est seulement en comprenant cette nature dont l’humanité fait partie intégrante, et d’où elle est issue, que les hommes pourront agir de façon éclairée en nos temps de crise.
Chaque chapitre se consacre à une idée reçue qui nous a empêché de voir la nature, y compris humaine, telle qu’elle est : ‘‘l’évolution est un vecteur de progrès, ‘‘les plantes sont intelligentes’’, ‘‘la concurrence est vertueuse’’, ‘‘les déchets sont néfastes’’… Autant de certitudes ou de simplifications qui ont largement circulé à l’époque moderne, et qui ont aussi leur part de responsabilité dans les erreurs d’aiguillage qui ont mené aux crises que nous connaissons aujourd’hui.
Avec humour et délicatesse, le biologiste démantèle ces discours trompeurs, à la lumière des exemples naturalistes concrets qu’il a passé sa vie à observer. Il nous montre de plus près ce monde que nous pensions connaître : ruses d’orchidées, métamorphoses des virus qui nous habitent, séductions humaines et parades animales. Gestion des déchets, relations homme-femme, compétition et entraide… Le lecteur ressort enthousiaste, et parfois un peu troublé de ces parallèles : moins distant qu’avant de cette nature qu’il pensait primitive et éloignée de lui.
L’éclairage que les sciences naturelles portent sur ces sujets qu’on réserve habituellement aux colonnes ‘‘société’’ des quotidiens est salutaire, en particulier à une époque où les fake news en matière de santé, d’environnement prolifèrent.